Les passagers de l'oubli

Une journée morne, pluvieuse. Une jeune femme accepte une invitation à dîner, presque contrecœur. Rien ne lui laisse prévoir que le destin se met en place, qu’il va s’asseoir à sa table. Pour Léonor-Zina, la rencontre avec Karim est une révélation aveuglante de l’amour, immédiat et sans issue, mais aussi le début d’un voyage vers elle-même, rythmé par une séquence de rencontres et de séparations, de contacts et d’absences. Entre deux pays, entre deux mondes, Léonor est le vent, Zina est la flamme. Les deux sont capables de tout balayer devant elles pour ne laisser de place qu’à une passion déroutante. Léonor porte en elle les certitudes de l’occident, certitudes qui, depuis son adolescence, l’ont accompagnée dans de longs voyages, vers d’autres réalités. Zina est imprenable, elle est là depuis toujours, mais restait silencieuse, presque immobile. Maintenant, c’est avec force qu’elle se révèle dans les effluves d’un parfum envoûtant, dans les silences… Dans un jeux de voiles qui se lèvent et retombent sur les images du passé, Léonor et Zina se dévisagent, se reconnaissent, se côtoient, s’abandonnent à l’amour. Seule la certitude de l’avoir vécu jusqu’au bout peut faire en sorte que la vie suive son cours. Le grand talent et la sensibilité de Yasmina Filali nous lient au récit d’un éclair de vie intense et nous permettent de le partager. Mots chargés de poésie qui, tels une série de miroirs, reflètent des images familières, des émotions qui marquent notre mémoire aussi, comme autant de cicatrices.

« Une porte verrouillée lâche, d’un coup sec et violent, sans bruit, à l’intérieur de l’âme. Où est l’énigme ? Qui suis-je tout à coup ? Quelle est cette impuissance de mon être face à cet homme ? La passion travestit les apparences. Elle me conduit vers des chemins inconnus, loin, au fond de moi... Qui avance masqué ? » [Extrait de Les passagers de l’oubli].

In a sad, rainy day, a young woman accepts a dinner invitation reluctantly. Nothing makes her expect that her destiny is taking shape and will sit at her table. For Léonor-Zina meeting with Karim is a sudden and blinding revelation of love, but also the beginning of a journey into her inner self, to the rhythm of encounters and partings, presence and absence. Within her dual identity, Léonor is the wind, Zina the flame, both capable of sweeping all away to leave place only to passion. Léonor’s certainties come from her growing up in the Western world, Zina is Oriental, impregnable and has always stood apart, hiding for years until she emerges violently in a bewitching fragrance, in silences…In a subtle game of veils raised and drawn over pictures from the past, Léonor and Zina stare at each other, recognize each other and give in completely to love. Yasmina Filali’s talent and great sensibility bind us to the story of an intense life flash and make us share it. Her words, filled with poetry, are thousands of mirrors reflecting emotions that mark our memory like scars.